Cela faisait près d’un mois que Mason travaillait au commissariat de la ville. Lui qui quand il était petit, adorait jouer au gendarme et au voleur, dans le rôle bien sûr du brigand ne se serait pas imaginé que plus tard, il serait du côté policier. Pourtant il adorait son boulot, ces responsabilités. Cela lui permettait de penser à autre chose qu’a Caroline. Cela faisait longtemps qu’il n’était plus amoureux d’elle, mais ne résolvait pas à passer à autre chose. Il avait rencontré quelques femmes, mais ne s’était pas remis en couple, ne s’était pris d’intérêt pour personne jusqu'à elle … Cette fille qui l’avait intrigué au premier abord puis fasciné. Zoé.
« Je ne bougerais pas d’ici je n’ai nulle part où aller. » Il entendait un clochard hurler comme un putois. Son ami et collègue releva promptement l’ivrogne.
« C’est pas mon problème l’ami ! » Avant de demander à un autre agent de s’occuper de lui. Mason se servit une tasse de café.
« Alors qu’est ce qu’on a ce matin ? » La ville de Darwin n’était pas connu pour sa criminalité, pas depuis quelques années, puisque les zonards avaient été chassé avec l’arrivée de l’agence Van’Hanbourg.
« Classique, un mec bourré qui a voulu reprendre le volant, et qui est en cellule de dégrisement, deux filles ramassés sur le trottoir … et la star de ces lieux mademoiselle Harrisson. » Mason regardât dans la direction que son ami lui indiquait. Dans la cellule qui leur faisait face, il reconnut la jeune femme dont il avait croisé le regard deux semaines plus tôt. Elle était posée lascivement sur le matelas, une clope à la main, les regardant avec dédain.
« Qui l’a autorisé a fumé ? » Les prisonniers enfin, c’était un bien grand mot ici, n’étaient pas toujours autorisé a fumé en cellule, cela dépendait de qui s’occupait d’eux.
« Rémy, il a le béguin pour elle. » Il ne pouvait que comprendre. Elle avait quelque chose de fascinant. Cette parfaite maîtrise d’elle-même, et cette distance, qui vous donnait envie d’en savoir plus.
« Il me semble l’avoir déjà vu quelque part… » Lança Mason, le plus naturellement possible, comme si il n’arrivait pas à remettre le doigt sur le pourquoi du comment. Bien sûr qu’il se souvenait, c’était elle qui avait organisé un défilé de mode dans sa cellule avec des robes qu’elle avait volé. Il avait entendu parler de cette histoire, et l’avait brièvement croisé alors qu’elle quittait le commissariat avec une de ses amies. Depuis son visage l’obsédait et il ne rêvait que d’une chose la revoir.
« Elle est connu comme le loup blanc ici, c’est la Paris Hilton de Darwin ! » Le ton était ironique et arrachât un sourire à la belle qui ne perdait pas une miette de la conversation. Tout dans son expression sentait le mépris, et le je m’en foutisme.
« Son père est Charles Harrisson, le type qui a fait fortune en arnaquant tout le monde. » Ce n’était qu’une rumeur mais que tous les ennemis de ce monsieur reprenaient à cœur joie. Mason avait entendu parler de cette histoire, et lu en biais qu’il avait déshérité sa fille suite au scandale que celle-ci créait dans les magazines. Il s’avançât vers la cellule et l’ouvrit en grand.
« Vous pouvez partir. » Son collègue ouvrit de grands yeux.
« Mas’ personne n’a encore payé sa caution. » Ok à chaque fois quelqu’un s’en chargeait, et c’était d’ailleurs presque ainsi que le commissariat tenait à flot.
« Je m’en chargerais. » La jeune femme ne semblât pas surprise, et ne lâchât pas son regard. Pour une fois dans sa vie, il était déstabilisé face à une femme. Celle-ci se leva de toute sa superbe, et le considérât comme si il était un insecte à écraser.
« Qu’avez-vous à y gagner…. Officier ? » Susurrât ’elle en lui soufflant de la fumée au visage. Lui qui ne supportait pas la cigarette lui retirât doucement des mains avant de l’éteindre.
« Vous me devrez une chandelle. Peut-être accepterez-vous de dîner avec moi ? » Il avait pris son courage à deux mains pour avoir l’air le plus décontracté possible en lui proposant ça. Son nez se fronçât lorsqu’il éteignit son pactole.
« Je ne suis pas le genre de personne que vous voulez avoir dans votre vie… » Elle s’approchât alors de lui, et glissât ses lèvres au coin des siennes, en les effleurant presque, mais laissant tout de même une marque rouge.
« A bientôt officier. » Son sourire était suggestif, et pourtant, il sentait qu’elle se jouait de lui. Elle le provoquait, et il tombait avec délectation dans le panneau.
« Elle a raison, tu ne devrais pas trop t’enticher d’elle. Elle a mauvaise réputation ici, c’est une briseuse de ménage. » Peu lui importait, il n’était pas du genre à se fier au quand dira on de villageois farouches. Il n'avait pas envie qu'on lui rappelle sa situation maritale.
Il fit tout pour la recroiser par la suite. Darwin n’étant pas une grande ville, et ayant découvert ou elle travaillait, cela ne fut pas bien difficile. Surtout qu’il découvrit vite que Zoé était une habitué des lieux du commissariat. A chaque fois sa meilleure et il lui semblait seule amie, venait gentiment la chercher. Il n’aurait su expliquer pourquoi il se comportait comme ça. Il n’avait jamais était autant attiré par une femme, autant curieux d’en savoir plus, et chaque moment passé avec elle, augmenter son désir de la connaitre. Ce jour-là, elle était allongée sur le matelas de la cellule. Elle avait manqué de respect a une vendeuse et quelque peu saccagé son magasin. Elle avait tout d’une sale gosse capricieuse, et le fait qu’elle passe la majeure partie de son temps ici aurait dû le faire fuir, mais non, il adorait pouvoir la voir plus.
« Tiens. » Il lui tendit une cigarette. Il la tutoyait maintenant. Elle ne répondit rien et se contentât d’attraper le briquet qu’il lui tendit et tirer avidement sur la clope.
« Tu peux partir si tu veux. » Il n’avait pas envie qu’elle parte. Mais elle avait fait son temps de garde à vue. Elle se relevât alors et se mit sur ses genoux, posant sa tête à quelques centimètres de la sienne.
« C’est ce que vous voulez inspecteur ? » demandât elle mi aguicheuse, tout en lui glissant de la fumée dans les narines.
« Arrête de m’enfumer, et je ne suis pas inspecteur. » se contentât il de bougonner. Il ne savait plus comment se comporter en sa présence.
« Oups… désolé ! » Bien sûr elle n’en pensait pas un mot, il le savait à son sourire moqueur.
« C’est qui cette fille qui vient à chaque fois te chercher ? » Il le savait très bien, il avait pris ses renseignements. C’était son associée. Elle semblait l’avoir prise sous son aile. Elle perdit de sa superbe et répondit avec simplicité.
« Une fille trop bien pour moi. » Comme il s’en doutait, cet excès de confiance en soi n’était que du zèle, elle n’était au fond qu’une de ses filles paumés qui attend que quelqu’un voit autre chose en elle.
« Pourquoi trop bien ? » Il avait peur que ses questions la lassent et qu’elle parte.
« Pourquoi avoir choisi d’être flic ? » Contrat-elle en évitant la question.
« J’aimais le côté sécurisant et à la fois, imprévisible de ce métier, et puis ça conduit a de jolies rencontres. » Il savait qu’il la mettait mal à l’aise en la draguant à son tour. Il le savait pertinemment, car à chaque fois, elle se remettait à se comporter comme une allumeuse, se protégeant, ne montrant pas qui elle était vraiment.
« Comment tu en es arrivé là ? A enchaîner les visites en cellule… » Elle avait pourtant un métier lui permettant de vivre, elle n’avait pas besoin de voler dans les magasins. Elle se contentât de hausser un sourcil, et répondre le plus froidement possible.
« J’ai baisé mon patron. J’ai foutu sa vie en l’air, puis il a saccagé la mienne… alors je me suis montré à la hauteur de ce qu’on attendait de moi. » Comme tout le monde en parlait, il avait su qu’elle avait eu une relation avec un homme marié, qui avait ensuite quitté la ville pour se reconstruire une image, et recoller les morceaux de son mariage. Depuis la réputation de garce, et fille facile de la jeune femme avait vite fait le tour. Pourtant il ne la pensait pas comme ça. C’était inexplicable, de ne rien savoir de quelqu’un et de pourtant si bien la comprendre, connaitre ses failles. De plus c'était bien la première fois qu'il la voyait aussi sincère, naturelle.
« Je dois y’aller. » Elle avait repris son ton froid et calculateur. Il commençait à la regarder partir quand il lui lançât a tout hasard.
« Big Bang, 21h ce soir ? » Le big bang était le lieu incontournable de Darwin, le bar sur la plage ou tout le monde allait. Elle s’arrêtât, mais ne se retournât pas.
« Je suppose qu’il faudra que vous vous y rendiez pour voir si j’y suis… » Elle repartit sans voir le sourire qui animait son visage. C’est alors qu’il reçut un coup de fil de l’hôpital. Un appel qu’il n’attendait plus…
« Ici le docteur Williams, vous aviez raison de ne pas renoncer. C’est un miracle, Caroline vient de se réveiller [... ] » Le médecin de sa femme, semblait aux anges, et très excité au téléphone, lui avait complètement déconnecté de la situation, pour Mason à ce moment-là, ce fut le désarroi et le noir complet…