YOU CAN LOVE SOMEONE SO MUCH... BUT YOU CAN NEVER LOVE PEOPLE AS MUCH AS YOU CAN MISS THEM. Noah venait de sortir d’un cours de littérature anglaise et s’avançait sur le campus, dans le froid hivernal du mois de novembre. C’est là qu’il posa les yeux sur Erin la première fois, à mi-chemin entre le bâtiment des lettres et la bibliothèque. Le premier qui lui vint à l’esprit pour la décrire, fut radieuse. Elle dégageait un bonheur empreint de douceur. Pas timide pour un sou avec la gente féminine, il s’était approché d’elle sans tarder.
« Je m’appelle Noah », s’était-il présenté sans plus attendre. Il ne pouvait pas le nier, la séduction était quelque chose d’assez simple et naturel pour lui. Il était charmeur et la plupart du temps, il n’avait pas de difficulté pour faire succomber les filles. Seulement, il sût presque tout de suite qu’Erin serait plus compliquée que les autres.
« Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi Noah ? » demanda-t-elle, en haussant un sourcil, comme si elle ne comprenait pas ce qu’il lui voulait. Mais sans le savoir, elle lui avait tendu une perche qu’il aurait été idiot de ne pas saisir.
« Tu peux accepter que je t’offre un café ! » avait-il répondu du tac-au-tac.
« Je ne bois que du thé » Elle avait de la répartie, et c’est précisément ce qui attisait l’intérêt du jeune homme.
« Je peux aussi t’offrir un thé » Il essayait de montrer son assurance, mais la vérité, c’est qu’il n’était absolument pas certain qu’elle accepterait. A vrai dire, elle semblait sceptique, éventuellement amusée, mais pas franchement séduite.
« J’ai du travail à faire à la bibliothèque, je ne suis pas sûre que ma traduction de russe peut attendre ! » Elle essayait de l’éconduire poliment, mais sans montrer lourd, il n’était pas spécialement du genre à lâcher l’affaire pour autant.
« Voilà ce qu’on va faire. Je vais nous chercher deux thés et on se retrouve à la bibliothèque… J’ai du travail à faire aussi », proposa-t-il. Elle sembla hésiter pendant un instant, mais elle finit par lâcher un discret soupir, lui faisant comprendre qu’il l’avait convaincu.
« D’accord ! », dit-elle finalement.
C’était ensuite devenu un rituel, de se retrouver à la bibliothèque, avec deux gobelets de thé, autour des devoirs qu’ils avaient à rendre. Petit à petit Erin avait commencé à baisser sa garde. Après avoir travaillé, ils passaient encore un peu de temps ensemble autour d’un deuxième thé et discutaient, apprenaient à se connaître. Si au départ, Noah avait tenté la même approche qu’avec les autres filles, il avait finalement renoncé. L’objectif n’était pas le même. S’il cherchait à mettre la plupart des filles dans son lit, il y avait clairement plus d’enjeux avec Erin. Avec elle, il y avait les papillons dans le ventre, le cœur qui bat à mille à l’heure, l’impatience de la retrouver pour simplement entendre sa voix et être en sa présence. L’étudiante ressentait la même chose. Si elle s’était montrée méfiante à son égard, elle s’était petit à petit attachée à lui et réalisait qu’il n’était pas le stéréotype du séducteur. Un jour, il avait pris son courage à deux mains et l’avait invité à sortir un soir. Si elle s’attendait à une banale sortie au cinéma, elle avait été touchée qu’il l’emmène dans un grand restaurant. Ce n’était pas forcément ce qu’il préférait, mais il avait les moyens de le faire et il avait envie de l’impressionner.
« Je ne m’attendais pas vraiment à ça », avoua-t-elle tandis qu’il la ramenait chez elle.
« Est-ce que ça t’a plus ? » s’était-il inquiété.
« Bien sûr, mais jamais personne ne m’avait invité dans un tel restaurant » Sa famille n’était pas dans le besoin pour autant, mais clairement, elle n’était pas aussi aisée que celle de Noah.
« Si j’ai pu te faire plaisir, alors c’était le meilleur moyen d’utiliser ce qu’il y a sur mon compte en banque », avait-il répondu avec une pointe d’humour. C’était Erin qui avait pris l’initiative de leur premier baiser, juste devant la porte de chez elle. Il lui avait laissé le temps, attendant simplement le signal de sa part lorsque ce serait le bon moment. S’il l’avait déjà compris auparavant, Noah eût la confirmation, pendant ce baiser, qu’il était tombé complètement sous le charme d’Erin.
Un an plus tard, ils s’étaient installés dans petit appartement à Londres, ensemble. Ils vivaient là depuis six mois lorsque les cours s’étaient arrêtés, leur permettant de profiter de leurs vacances. Les matinées à traîner au fond de leur lit, comme deux amoureux sur lesquels le temps n’a aucune prise, se ressemblaient, mais n’en restaient pas moins terriblement agréable.
« A quoi est-ce que tu penses ? » demanda Noah en caressant les cheveux de sa petite-amie.
« A ce que j’aimerais qu’on fasse tous les deux », répondit-elle.
« Je vais avoir besoin d’en savoir plus ! » Elle sourit en même temps que lui, avant de se lui répondre.
« J’aimerais qu’on voyage tous les deux. Nos études vont se terminer dans deux ans, après on devra travailler… » Elle lui avait déjà fait part de ses envies de voyages, de pays étrangers et pourquoi pas d’humanitaire. Elle lui insufflait un vent de liberté, comme si l’aventure devenait simple.
« On devrait le faire… Je ne sais pas quand, mais on devrait le faire » Evidemment, un voyage de cet envergure se préparait et ne se décidait pas en l’espace de quelques jours.
« Vraiment ? » Il avait hoché la tête.
« J’irai à peu près partout où tu en as envie, tant qu’on est ensemble », dit-il sincèrement, face à l’émotion qui transparaissait dans le regard de la jeune fille. Evidemment qu’elle était touchée d’entendre ces mots qui sonnaient comme une promesse.
« Ca fait partie des choses que j’aimerais qu’on fasse tous les deux… Rester ensemble, » dit-elle, avec un sourire indélébile. Il l’avait regardé pendant quelques instants, sentant que c’était le bon moment. S’il y avait déjà pensé, il n’avait rien prémédité.
« Epouse-moi », lâcha-t-il soudainement, avec toute la conviction du monde. Il n’avait rien préparé, pas de beau discours, ni même de bague, mais bon sang, à cet instant précis, la seule certitude qu’il avait était de vouloir l’épouser.
« Je suis sérieux Erin, tu… Tu changes ma vie, tu rends absolument tout possible ». La jeune femme était partagée entre cet immense sourire qui s’élargissait sur ses lèvres et les larmes qui menaçaient de couler de ses yeux.
« Oui », murmura-t-elle.
« Oui ! », répéta-t-elle, avant de se lover contre lui pour l’embrasser.
Leur mariage était planifié, leur voyage d’un an autour du monde aussi. Les parents de Noah n’étaient pas particulièrement d’accord de le voir abandonner ses études de journalisme pour aller vagabonder pendant un an, mais le jeune homme avait été inflexible. Erin et Noah avaient fêté leur enterrement de vie de garçon et de jeune fille, chacun de leur côté, avec leurs amis. A la fin de la soirée, les deux groupes s’étaient rejoints. Ils avaient tous les deux décidé de rentrer ensemble chez eux afin de terminer cette journée ensemble.
« T’es sûr que tu peux conduire ? » s’était inquiétée Erin. Il avait bu, et même s’il était loin d’être ivre mort, ils pouvaient très bien rentrer en taxi.
« Bien sûr, on n’est pas en très loin en plus ! » Grave erreur. Ils n’avaient pas terminé leur soirée en tête à tête, amoureusement, chez eux. Ils l’avaient terminé à l’hôpital. So Noah n’avait écopé que de blessures superficielles, Erin était grièvement blessée. Elle dût être transportée d’urgence en salle d’opération et ne se réveilla pas ensuite, restant plongée dans le coma. Ce fût la dernière fois qu’elle vit Noah.